cuir de poisson

On entend souvent parler de cuir végétal. Comment est fabriqué ce cuir? Qu’est ce qui le rend plus écoresponsable que le cuir traditionnel? Quelles sont les nouvelles alternatives aux cuirs?  Nous abordons dans cet article ces différents sujets. Vous découvrirez en fin de page un projet de sac éco responsable que nous avions exposé au salon Première Vision et made in France en 2019. A l’époque où, Ictyos s’appelait encore Cuir Marin, et où nous étions encore aux prémices de la tendance actuelle de l’ éco-conception.

Comment le cuir est-il fabriqué ?

A l’origine, le travail du cuir est de valoriser les coproduits de la filière alimentaire. Autrement dit, cela permet de recycler les peaux de grands mammifères terrestres comme les bovins, les ovins ou les porcins. On évite ainsi l’incinération d’une matière utile.

Les tanneurs achètent les peaux brutes par lot et au poids, ils les choisissent en fonction de l’usage et des clients qu’ils ont. Chaque tanneur a ses spécificités.

Plusieurs étapes sont essentielles à la fabrication du cuir :

  1. Le travail de rivière : A ce moment, les peaux sont alors dénuées de poils, de tissus sous-cutanés et de résidus. Cette étape n’existe pas chez tous les tanneurs. Elles subissent ensuite le procédé du tannage.
  2. Le tannage: L’objectif est de rendre la peau imputrescible, résistante et conservable.
  3. Le corroyage: est l’étape d’attribution de propriétés structurelles nécessaires pour faciliter la confection (souplesse, épaisseur, couleur, densités de fibre et autres) à l’issu de cette phase on arrive à un produit semi fini.
  4. Les finitions : dernière étape avant la commercialisation, où l’on parfait l’aspect esthétique de la surface. C’est également à cette étape que l’on colore le cuir. C’est la deuxième étape la plus polluante avec le tannage. Ce sont généralement des pigments chimiques qui sont utilisées.

Le tannage au chrome représente un danger notable pour notre santé mais demeure privilégié par rapport aux tanins végétaux, du fait de sa rapidité à traiter les peaux et de sa résistance.

Il faut 24h au chrome III (un type non nocif de chrome) pour rendre le cuir imputrescible. Ce dernier devient alors résistant à l’eau et à la chaleur. Là ou le chrome III ne représente pas de danger, son homologue, le chrome IV, s’avère fortement allergisant et toxique car riche en sels d’aluminium.

 

En quoi consiste la fabrication du cuir végétal ?

Le cuir écologique (ou cuir à tannage végétal) suit  le même procédé que le cuir classique, à quelques différences près. Là où le cuir tel que nous le connaissons subit de nombreux traitements chimiques, le cuir écologique n’est pas exposé au chrome mais subit un tannage végétal à base d’écorces de mimosa et autres plantes végétales.

Toutefois plus de temps est nécessaire pour tanner les peaux à partir de matières issues d’écorces, de feuilles, de pépins, de racines ou même de la sève des arbres.

En fonction du résultat escompté, on privilégie certaines espèces d’arbres.

Après le tannage végétal,  le cuir s’avère :

  • Plus raide, plus ferme et plus solide qu’une peau traitée au chrome.
  • Naturellement coloré, présentant des teintes plus nuancées que les cuirs classiques et également plus difficile à colorer par la suite.
  • Plus résistant face au temps et présentant des signes d’usure esthétiques.

Si le tannage chimique est encore très répandu, les fabricants tendent à se tourner vers le cuir écologique et son tannage végétal pour une éthique plus éco-responsable.

Le cuir éco-responsable et ses alternatives 

Le mot « cuir » est un terme contrôlé et déposé par la DGSE. Il désigne une matière animale.  Il est donc incorrect de dire « cuir d’ananas ». La matière créée à partir de l’ananas est faite de fibre végétale, au même titre que la fibre utilisée dans la fabrication de la viscose.

Il convient de distinguer les termes relatifs au produit éco-conçu et responsable :

  • Le cuir végétal, est donc une erreur d’usage. Il s’agit d’un cuir à tannage végétal. Il désigne le traitement des peaux d’animaux  grâce à un procédé de tannage végétal.
  • Les matières naturelles correspondent à la valorisation de fibres végétales naturelles comme le lin, le coton, la soie ou le soja.
  • Le cuir vegan  est également une erreur de langage, il s’agit de matière non animal alternative au cuir. Ces matières sont élaborées à base de peaux ou des fibres d’ananas, d’eucalyptus, d’hévéa ou encore de champignon. On y ajoute  des polymères comme liant. Dans l’industrie du luxe, c’est Stella McCartney qui mène la danse avec des collections sans matière animale aucune.

Le but est, dans tous les cas, de proposer une matière moins polluante.

PROJET Sac éco-conçus 

L’équipe de Féonilab est soucieuse des nouveaux enjeux environnemtaux.  Dès nos débuts nous nous sommes lancé le pari de concevoir plus de sacs 100% issus de matières soient recyclées ou utilisant des méthodes de fabrication respectueuses de l’environnement.  C’est ainsi que nous est venu l’idée de  collaborer avec de nouveaux acteurs qui partagent cet éthique. Notre premier projet réalisé en 2018 mettait en valeur les coproduits de la mer : SeeSea.

Cette initiative rassemble plusieurs acteurs animés par la volonté de présenter un produit innovant et éco-conçu :

  • Fils&Fab : une start-up bretonne spécialisée dans la valorisation de matières recyclées issues de la mer. Ils transforment les filets de pêche en matière réutilisable dans la décoration.
  • Ictyos : un nouveau tanneur lyonnais se consacrent au tannage végétal et à la coloration naturelle de peaux de poissons. La force de ce partenaire est d’avoir mis au point des pigments naturels respectueux de l’environnement tout en garantissant des finitions uniques.
  • Kyoko Création : une brodeuse japonaise Artisan d’art qui exprime sa sensibilité à travers son interprétation subtile des fonds marins avec des perles qui datent de la Rome antique.

Exposé au Salon Première Vision et Made in France en 2019, le projet SeeSea présente ainsi un modèle de sac seau éco-conçus à partir de matières alternatives. Ces dernières croisent le cuir de saumon (à partir de peaux récupérées de l’industrie alimentaire) et des matières techniques telles que les filets de pêche recyclé.

En résultent cette pièce unique entièrement artisanale, délicate, inspirée par le monde marin et ses trésors, et surtout, preuves qu’une mode plus éthique et plus consciente est possible.