“Le désir est court-termiste, le rêve s’inscrit dans le temps long. La fast fashion s’adresse aux désirs, le luxe parle aux rêves. Vous ne pouvez pas faire rêver les gens si vous les trompez avec des produits qui sont un cauchemar en coulisses”.

François-Henri Pinault

Si le luxe aspire à devenir responsable, en sera t-il nécessairement moins désirable ?

Selon une étude publiée par Bain&Company, cette volonté de rendre le secteur plus engagé et durable pourrait même à intéresser 10% des clients de luxe habituels, adeptes de pièces textiles rares, d’horlogerie fine ou de belle maroquinerie. 

Le cuir représente, de par sa noblesse, l’essence absolue du luxe. Tout comme le monde dont il fait partie intégrante, il ne peut résister aux diverses mutations qui remuent notre société et réinventent notre vision.

Aujourd’hui, les consommateurs privilégient la vente de seconde-main au neuf et scrutent plus attentivement la provenance des peaux. 

Quel chemin doit emprunter la filière cuir face à des acheteurs de plus en plus conscients de l’impact qu’ont leurs achats ? Comment proposer des produits plus respectueux de l’environnement et des hommes ? Quelles innovations fondamentales viendront agrémenter les mesures prises par de grands groupes comme LVMH ou Kering ?

Qu’est ce que le cuir durable ?

Le cuir suit à l’origine une fabrication quelque peu controversés car gourmande en eau et très polluante. En cause ? Le tannage chimique, très efficace mais dangereux pour notre santé comme pour celle de notre planète. 

A cela s’ajoute la question des peaux exotiques (buffles, reptiles, autruches…) dont les lieux de production – et surtout, les élevages – sont aujourd’hui pointés du doigt.

On s’accorde aujourd’hui sur les critères suivants pour définir un cuir dit durable. 

Les tannins donnent leur couleur aux cuirs.

Tout d’abord, Il s’agit d’un reliquat de notre alimentation (poissons, boeufs, etc) et non pas du produit dérivé d’un animal – exotique ou non – élevé pour sa peau. 

Le cuir durable est également une peau traitée et travaillée avec des tannins végétaux, sans danger pour la santé du fabricant, de l’acheteur et de l’environnement. 

Enfin, il obéit à un cahier de charges plus strict que le cuir traditionnel et peut correspondre à plusieurs types de cuir alternatifs comme le cuir végétal, l’éco-cuir ou bien le cuir dit-vegan. 

Des enjeux écologiques et éthiques forts entourent la question du cuir durable.  

Il s’agit surtout de répondre aux attentes des consommateurs, qui s’expriment aujourd’hui très facilement via les réseaux sociaux. 

Une aubaine pour les grandes maisons, qui ont là l’opportunité de comprendre très rapidement la bonne direction à prendre. 

 

Pourquoi les marques tendent-elles à adopter le cuir durable ?

Au vu de la demande, les marques se tournent de plus en plus vers des peaux durables.

Bien qu’il ne s’agisse encore que d’une tendance qui tend à s’affirmer et pas d’un véritable critère d’achat, l’engagement éthique s’avère toutefois être une attente notable pour les habitués et mêmes les futurs acheteurs. 

Toujours selon l’étude de Bain&Company, 60% des clients du luxe admettent que les marques du secteur se doivent d’être fondamentalement plus engagées que les autres industries. Plus le choix, donc. 

Enjeux économiques 

Le secteur du luxe obéit aujourd’hui à des objectifs ambitieux et chiffrés. 

S’il est surtout questions de dates (arrêt du cuir exotique d’ici 2020 ou arrêt total du cuir traditionnel d’ici 2025 pour certaines maisons) les marques établissent peu à peu des plans d’action destinés à minimiser leur impact et réduire leurs dépenses. 

D’autre part, les maisons de luxe mettent peu à peu en place des modèles de gestion des coûts et investissements liés à leurs engagements écologiques afin de poursuivre leurs efforts en toute sûreté. 

Le but est bien évidemment de conserver la bonne santé financière des grands groupes et de concentrer intelligemment les efforts nécessaires. Un choix stratégique, pragmatique, et surtout, réaliste. 

 

Enjeux écologiques

En 2012, Kering a su flairer la tendance et s’est lancé pour défi de produire de manière plus durable, plus éthique et plus respectueuse afin de réduire tous les dommages causés par l’industrie du textile et du cuir (pollution de l’air, des eaux, souffrance animale, conditions de travail très précaires…) 

Depuis, tout le secteur semble lui avoir emboîté le pas, à son rythme. La transparence et la traçabilité sont aujourd’hui exigés. 

Enjeux éthiques

Parmi les événements majeurs qui ont accéléré la prise de conscience de l’industrie, l’effondrement du Rana Plaza en 2013, un immeuble-usine où plusieurs ouvriers travaillaient, à Dacca (Bangladesh).

Afin de se prémunir de nouvelles catastrophes et de nouveaux scandales, les marques prêtent aujourd’hui une plus grande attention à la santé et au bien être des sous-traitants et tend à recentrer la vie humaine au centre du processus. 

Quelles innovations pour la filière du cuir durable à l’avenir ?

Les méthodes de production sont-elles destinées à changer complètement d’ici 20 ans ? A quoi ressembleront les chaussures en cuir du futur ?

Si certains cherchent à reproduire le cuir en laboratoire grâce aux biotechnologies, d’autres s’engagent à concevoir à plus petite échelle des cuirs éco-conçus, durables et innovants. 

Chez Feoni, nous collaborons par exemple avec Cuirmarin,  un tanneur lyonnais se consacrant au tannage végétal et à la coloration naturelle de peaux de poissons. La force de ce partenaire est d’avoir mis au point des pigments naturels respectueux de l’environnement tout en garantissant des finitions uniques.

C’est avec ce même partenaire que nous avons développé un produit unique comme le sac SeeSea, éco-conçu à partir de matières hybrides. 

Tous les yeux sont aujourd’hui rivés sur la filière du cuir, pionnière des engagements RSE et bien décidée à montrer l’exemple. 

En témoignent des conférences à l’image du Sustainable Leather Forum, qui traite des défis à relever et des jalons déjà posés, en ce qui concerne l’élevage, le tannage, mais aussi la fabrication et le sourcing des peaux.